Une technologie CCGI éprouvée
En matière de développement, Siemens se concentre sur le captage en pré et postcombustion. « Le degré de maturité technologique de ces trois approches est variable. Seule la technologie CCGI a fait ses preuves. Dans l’industrie du traitement des gaz, les exemples ne manquent pas dans le domaine de la séparation du CO2 à partir de gaz de synthèse », explique Christiane Schmid. « Nous pourrions déjà nous lancer dans la construction d’une grande installation avec captage du CO2. En effet, Siemens participe depuis des années au développement de systèmes CCGI optimisés. » Dès 1990, des centrales CCGI, pour lesquelles Siemens a fourni la partie centrale et accompagné l’intégration des installations, ont vu le jour en Espagne, aux Pays-Bas, et aux Etats-Unis, prouvant la faisabilité du système CCGI.
Les raisons pour lesquelles il n’existe à ce jour aucune centrale de grande envergure à faible émission de CO2 sont multiples. Guido Schuld, directeur de Siemens Fuel Gasification Technology GmbH, résume la situation : « On ne peut que constater l’absence de cadre juridique et politique concret, notamment en matière de stockage duCO2. Il est par ailleurs difficile pour nos clients d’estimer le coût réel d’une centrale CCGI avec captage du CO2 ». La première centrale CCGI avec captage du CO2 ne devrait donc pas voir le jour avant plusieurs années.
L’opérateur énergétique RWE prévoit de mettre en service une installation de 360 MW en 2014. Le budget alloué avoisinera le milliard d’euros. 2,3 millions de tonnes de CO2 y seront captés avant d’être stockés dans des champs de gaz épuisés ou des aquifères. Aux Etats-Unis, le groupe énergétique allemand E.ON compte parmi les 12 membres de l’initiative mondiale FutureGen, visant d’ici 2012 une installation d’une puissance de 275 MW. Celle-ci devrait séquestrer au moins un million de tonnes de CO2 par an dans des aquifères salins profonds. E.ON UK envisage la construction d’une centrale CCGI avec captage du CO2 sur un site proche des côtes. Cette implantation autoriserait le stockage du CO2 dans les gisements pétroliers de la mer du Nord, tout en améliorant l’extraction du pétrole.
« Dans les centrales CCGI sans captage du CO2, notre technologie nous permettra d’atteindre un rendement supérieur à 40 % », constate Guido Schuld. « Ce rendement reste en général plus faible dans les centrales avec captage du CO2. Nos clients exigent une haute disponibilité des installations pour d’évidentes raisons économiques. Avant de lancer nos technologies sur le marché, nous les soumettons donc à une phase de test approfondie », poursuit-il, citant deux des technologies clés du CCGI : les gazéificateurs et les turbines à gaz. Celles-ci font partie du portefeuille de Siemens depuis l’intégration de l’activité « gazéification » mi-2006.
Pour exploiter le lignite de la région de la Lusace, le gouvernement de la RDA avait investi dans le développement d’une technologie spéciale de gazéification : l’alimentation par voie sèche. Ce système s’est transformé aujourd’hui en avantage concurrentiel décisif. Contrairement à l’alimentation humide, où le charbon broyé est injecté dans le gazéificateur sous forme d’émulsion aqueuse, ce procédé permet d’utiliser presque tous les types de charbon pour la gazéification.